Fêtes et divertissements au Château de Versailles
"Divertir pour gouverner" tel fut le précepte légué par le roi Louis XIV au dauphin...
Et c’est bien d’art politique, de stratégies et d’influences pour exercer le pouvoir dont il est question dans cette exposition, sous couvert de divertissements étourdissants, de légèreté et de galanterie.
Il y avait d’abord la chasse, aux rituels codifiés, qui perdurent aujourd’hui dans les chasses à courre contemporaines. Etre invité à chasser avec le Roi était un privilège et les collations servies durant les chasses offraient des moments de divertissement et de sociabilité, prisés aussi bien par les dames de qualité que par les chasseurs.
Il y avait aussi le théâtre, donné à l’origine dans les appartements royaux, le manège de la Grande Ecurie ou les jardins avec des installations provisoires, jusqu’à la création en 1770 d’un Opéra royal qui offrit des changements de décors spectaculaires et inédits.
Comédiens français et italiens se produisaient plusieurs fois par semaine, et les «représentations de l’ordinaire» ouvertes à tous, alternaient avec le «théâtre de société» initié vers 1747, joué devant la famille royale et quelques personnes choisies, où le public aristocratique se produisait parfois sur scène, en revêtant lui-même des costumes de scène pour se mêler aux acteurs.
La musique rythme la vie à Versailles jusqu’aux membres de la famille royale qui jouent chacun d’un instrument : de la chasse aux bals, en passant par les comédies-ballets, les opéras et le théâtre, elle devient divertissement à part entière avec les concerts d’appartements initiés sous Louis XIV dès 1682.
L’après-midi, on se promène : à pieds, en calèche ou en gondole, dans les jardins et sur l’eau, et on joue très sérieusement au mail dans les allées. Pour les courtisans, il importait d’y paraître suivant l’étiquette et de se surpasser en qualités sportives avec éducation. Un manuel de cinquante-neuf pages rédigé en 1717, édicte les nouvelles règles du jeu, ancêtre du golf contemporain. On joue également beaucoup à Versailles, aux cartes ou au billard, mais aussi aux jeux de hasard : le pharaon, imaginé sous Marie-Antoinette, risqué et dispendieux, porte bien son nom.
Le bal est un divertissement exigeant : bals parés, masqués ou costumés, ordinaires ou d’appartement, sont organisés plusieurs fois par semaine, il faut en être et s’y distinguer par son élégance et sa maîtrise du geste. On apprend à danser dès son plus jeune âge avec un maître de danse, maintien, port et démarche doivent être naturels.
Mais rien n’égale l’art du merveilleux, dispensé à la nuit tombée pour susciter l'admiration de la cour et la séduire : architectures éphémères illuminées qui s’enflamment, milliers de lumignons scintillant le long des allées, feux d’artifice pour des spectacles grandioses créatifs et ingénieux, d’une époustouflante technicité, précurseurs de nos sons et lumières d’aujourd’hui.
Photos © RMN-Grand Palais © The Metropolitan Museum of Art (distr. RMN-Grand Palais), image of the MMA © François Lauginie
Exposition : "Fêtes et divertissements à la cour" jusqu'au 26 mars 2018 au Château de Versailles
mercredi 27 décembre 2017, 19:07